Souvenirs douloureux de Dumbledore
J'ai rencontré Sarabella Milton en 1945, plus précisément au printemps de 45. Elle venait tout juste d'avoir 25 ans. J'en avais 64. C'est par l'entremise de sa soeur Maythabel, de cinq ans son ainé que j'ai fais sa connaissance.
Je l'ai tout de suite trouvé charmante. Elle était enjouée, dynamique et riait tout le temps. On savait toujours quand Sarabella était dans le coin, on pouvait entendre son rire de très loin et on le reconnaissait parmi tous les autres. Son exhubérance était un véritable bonheur à voir. Même encore aujourd'hui, je me souviens de son rire et parfois, je me surprend à l'entendre dans ma tête.
Elle était très jolie. Comme la plupart des jeunes filles de son âge, elle portait les cheveux longs qu'elle laissait libre au vent. Elle avait la taille fine, de jolies jambes et un tout petit nez retroussé. Je la trouvais tout simplement adorable.
Maythabel était tout le contraire de sa soeur. Renfermée, morose, encline à brusquer les gens, elle avait peu d'amis. Deux en fait, Marion Pedler et Wendy Dawson, respectivement, 29 et 31 ans. Je connaissait Maythabel parce qu'elle venait d'être embauchée comme secrétaire à l'Académie Française
de perfectionnement en sort et enchantement, la A.F.P.S.E où travaillait un de mes amis, le professeur Flynn, aujourd'hui décédé.
Un jour, alors que j'étais passé saluer mon ami à son bureau, Maythabel, rarement de bonne humeur, affichait ce matin-là un grand sourire. Après avoir échangé quelques banalités avec, cette dernière m'invita à une petite fête pour le samedi suivant. Sans me poser de queston, j'ai accepté.
C'était à cette petite fête, qu'on me présenta Sarabella. Encore aujourd'hui, je me souviens de l'effet que son sourire avait eu sur moi.
Sarabella avait babillé pendant vingt bonne minute des dernières tendances en matière de mode. Je me contentait de hocher la tête de gauche à droite et de haut en bas pour signifier que je suivais attentivement la conversation, mais je n'y comprenais rien dans tous ces énumérations de chiffon de couleurs et de coupe. Peu importait, je la trouvais si intéressante.
Puis nous avons pris chacun notre côté et avons été jaser avec les divers invités.
Je n'ai revu Sarabella que deux mois plus tard. À l'enterrement de sa mère Rebellia dont l'avis de décès avait paru dans le journal de Londres. Après la triste cérémonie de l'enfouissement du cercueil, j'ai invité Sarabella à venir prendre un thé dans un petit Pub que je connaissais bien. Elle accepta.
Nous avons passé presque deux heures à échanger sur nos vies. La conversation que nous avions eu deux mois plutôt sur les chiffons n'existait plus. J'avais devant moi une jeune femme déterminée, intelligente, touchante et désirable. J'étais sous le charme. Et c'est à contrecoeur que je me séparai d'elle en fin de l'après-midi non sans avoir obtenu la promesse de la revoir la semaine
suivante.
Nous nous sommes revus ainsi de for nombreuses fois elle et moi, en fait, à toutes les fois où j'avais quelques heures de libres, je courais la rejoindre. Je baclais même mes tâches pour la voir plus vite et plus longtemps. Une grande différence d'âge nous séparait mais nous étions heureux comme des enfants.
Une année s'écoula et Edwardino Constantopoulos entra dans notre vie par l'entremise de Maythabel. Il avait absolûment tout pour plaire à une jeune femme , beauté, prestige, fortune et jeunesse. La jeunesse que je n'avais pas. Celle que Sarabella n'avait pas remarqué jusqu'à maintenant mais qui s'en redit compte au fil des semaines suivant les présentations avec ce Grec fraichement débarqué en Angleterre.
Six mois plus tard, j'avais beau essayé de toutes mes forces de me faire croire que tout allait bien entre-nous, il a fallu que je me rendre à l'évidence un bon matin. Tu ne m'aimais plus et moi je t'aimais encore. Tu avais succombé à ce charmeur Grec et tu étais en train de m'oublier.
J'avais bien senti tes hésitations lorsque je te donnais des rendez-vous, j'avais bien entendu tes silences lorsque je te questionnais, mais je voulais croire que cela était dû à autre chose. J'avais tord.
Tu as débarqué un mardi matin à mon bureau à 9:00 heures précices. Tu as refusé l'invitation à t'assoir et ce même si j'ai insisté. Tu es demeurée debout devant moi et tu as articulé lentement comme pour être certaine que je comprenne bien: Je vais épouser Edwardino le mois prochain. Puis tu
t'es retourné et tu as franchi la porte comme ça sans me dire aurevoir.
J'étais livide. Toi, la seule femme de ma vie, toi la seule que j'aime, tu en aime un autre. Tout s'effondrait autour de moi. Si j'avais pu effacer d'un coup de baguette magique cet instant, je l'aurais fait mais c'était impossible.
J'ai su quelques années plus tard que c'est Maythabel qui est à l'origine de cette rencontre. Verte de jalousie, incapable de supporter de voir le bonheur de sa soeur jour après jour, elle avait décidé de se venger et de nous séparer. Elle a réussi. Ça m'a pris plus de 15 ans pour lui pardonner et j'ai dû faire un effort immence pour le lui donner ce pardon et c'est uniquement parce Sarabella
me l'avait demandé avec insistance. Maythabel était amoureuse de moi et moi je ne l'a voyait pas.
Voilà ce qui l'avait poussé à présenter un autre homme à sa soeur. Pour préparer le terrain, Maythabel, tellement haineuse et jalouse, avait inventé que nous te
trompions ensemble, tout était archi-faux bien sûr. Mais c'était ta soeur et tu l'a cru. Il parait que tu as beaucoup de peine lorsqu'elle t'a annoncé cela. Rien que de penser que tu as eu du chagrin me déchire. Elle a alors profité pour te refiler ce grec sachant que ta peine te rendait vulnérable.
J'ai hais Maythabel aussi fort que je t'ai aimé.
Et les années ont passée. Tu as donné un enfant, une fille à ton mari que tu as prénommé Ornella. Nous nous sommes recroisés à quelques occasions. Tu avais l'air heureuse, tu étais radieuse, l'âge n'a jamais eu d'emprise sur toi. Bien sûr ta silhouette s'était un peu arrondie mais cela te rendais encore plus séduisante à mes yeux. Par pudeur, je ne t'ai pas laissé savoir que je t'aimais encore
mais peut-être que mes yeux me trahissaient, je ne le saurais jamais maintenant que tu es partie.
Je sais que Maythabel m'aime encore mais je l'ignore . Peut-être que je ne lui ai pas complètement pardonné ... et moi je t'aime encore Sara, tu es l'unique femme de ma vie.